Dans un communiqué publié le mercredi 22 mars, Mgr Alfred Adewale Martins, l’archevêque de Lagos, a condamné en des termes très forts toutes formes de profilage ethnique, les discours de haine et de violence observés dans certaines parties de l'État de Lagos, avant, pendant et après les récentes élections dans le pays.
Françoise Niamien - Cité du Vatican
Après le scrutin présidentiel du 25 février dernier qui a vu la victoire du candidat du parti au pouvoir, Bola Tinubu, les Nigérians ont été de nouveau aux urnes pour les élections des gouverneurs et députés locaux. Au terme de ces élections, Mgr Alfred Adewale Martins, archevêque de Lagos, a qualifié de regrettables et d'inacceptables les tensions, les discours de haine et la violence avant, pendant et après les élections des gouverneurs et de la Chambre des représentants, apprend-on dans un communiqué signé par le directeur de la communication sociale, le père Anthony Godonu.
Plusieurs sources font en effet état d'actes d'intimidation dans de nombreuses zones de la ville dominées par les électeurs non-Yoruba, Igbo en particulier. Un candidat du parti travailliste aurait été vu en pleurs, des électeurs auraient été agressés, du matériel électoral détruit, perturbant le bon déroulement du scrutin.
Les autorités appelées à intervenir
Pour l’archevêque de Lagos, si cette violence n'est pas stoppée de toute urgence, elle pourrait compromettre la coexistence pacifique des habitants de l’État. Le prélat a exhorté les autorités locales à rappeler toutes les parties à l'ordre et à mettre en place un mécanisme de rétablissement rapide de la paix et de la normalité. Mgr Martins a appelé les forces de l'ordre à protéger les vies et les biens de les toutes les populations sans distinctions de tribu, de religion ou de groupe ethnique avant d’exhorter l’ensemble des habitants de Lagos au calme et à ne pas céder à la division.
Non à la discrimination et aux Fakes news
L’archevêque nigérian a poursuivi, en estimant que les commentaires ethniques et discriminatoires qui circulent particulièrement sur les réseaux sociaux, ne reflètent pas la véritable nature des Lagosiens, qui sont reconnus pour être très pacifiques et tolérants et surtout pour être des modèles de mariages intertribaux depuis de nombreuses décennies.
«J'appelle chacun à mettre un terme à la propagation des discours de haine et des "Fake news" et à éviter toute forme de rancœur. Les habitants de Lagos ne doivent pas permettre à la classe politique d'attiser de tels sentiments de division pour perturber leur vie et leurs moyens de subsistance», a affirmé l'archevêque de Lagos.
«Nous sommes tous égaux devant Dieu et la seule distinction créée par l'homme est celle qui existe entre les pauvres et les riches, entre les privilégiés et les défavorisés» a encore déploré Mgr Martins rappelant que les Nigérians ont toujours vécu en interaction, ensemble comme un seul peuple depuis des décennies à Lagos et dans d'autres régions du pays.
Les élections étant terminées, Mgr Alfred Adewale Martins espère que tous ceux qui ont attisé les braises de la division ethnique seront plus réfléchis et s'abstiendront de mettre davantage à mal la politesse. «Nous devons être des citoyens respectueux de la loi et ne pas nous en prendre à elle sous quelque prétexte que ce soit», a-t-il recommandé.
Mgr Martins a demandé aux forces de l'ordre de faire ce qu'il faut là où des infractions ont été commises, dans le cadre des efforts visant à faciliter l'accès à la justice. Il a également présenté ses condoléances aux familles qui ont perdu leurs proches et aux personnes dont les biens ont été détruits lors des violences survenues dans l'État dans tout le pays.
Des violences à Lagos et dans l'État de Borno
L'agence Fides rapporte les propos du porte-parole de la Commission électorale nationale indépendante du Nigeria. Selon Festus Okoye, «Certains membres de notre personnel ont été kidnappés, d'autres harcelés, d'autres intimidés, d'autres encore hospitalisés et, dans un cas, tués». Dimanche dans l'État de Borno, au nord-est du pays, des membres de l'État islamique ont tenté de perturber la collecte des résultats, mais ils ont été repoussés par les forces de sécurité qui ont tué au moins 40 terroristes, selon des responsables locaux.
Signalons que les Etats-Unis inquietés par ces violences ont également également appelé les autorités nigérianes à demander des comptes et à traduire en justice toute personne qui aurait ordonné ou mené des actions d'intimidation des électeurs et de suppression du vote au cours du processus électoral. Les Américains envisagent des restrictions supplémentaires en matière de visas à l'encontre des personnes considérées comme responsables ou complices de l'affaiblissement du processus démocratique au Nigéria.
Source: vaticannews