Des évêques d’Afrique rendent hommage à Benoît XVI
Pape Benoît XVI
L’annonce du décès du pape émérite Benoît XVI ce samedi 31 décembre a suscité une pluie d’hommages à travers le monde. Contactés par Vatican News, quelques évêques africains ont exprimé leurs réactions, en rendant au défunt pape un vibrant hommage.
Stanislas Kambashi,SJ et Françoise Niamien – Cité du Vatican
Le pape Benoît XVI, décédé à l’âge de 95 ans le samedi 31 décembre 2022, fut une grande figure qui a marqué son temps sur plusieurs plans, notamment avec sa pensée théologique profonde et claire. Mais certains évêques d’Afrique reconnaissent en lui également le pape qui a invité l’Afrique à «se lever», pour être «au service de la réconciliation, de la justice et de la paix»; un frère en humanité et un homme attentionné pour les situations pastorales du continent africain.
Benoît XVI, penseur et théologien à la fois profond et compréhensible
Le cardinal Théodore Adrien Sarr, qui était présent au Vatican au moment de la démission de Benoît XVI en 2013, a évoqué ce fait, qu’il considère comme un signe de grande humilité: «il nous a parlé des faiblesses de ses forces, il a eu l’humilité de le reconnaître qu’il ne pouvait plus correctement accomplir cette mission si importante». L’archevêque émérite de Dakar, au Sénégal, témoigne que cette décision a toujours suscité en lui estime et admiration. Pour lui, bien qu’il soit un penseur et un théologien profond, Benoît XVI a toujours parlé de façon à se faire comprendre. Le cardinal Sarr a notamment évoqué l’homélie à la fois profonde et compréhensible du défunt pape émérite aux JMJ – Journées mondiales de la jeunesse – de Cologne (Allemagne) en 2005, au lendemain de son élection. La profondeur de sa pensée et de sa vision théologique, sa simplicité et l’accessibilité avec lesquelles il l’exprimait, sont des traits que l’archevêque émérite de Dakar retient de Benoît XVI, qui l’a créé cardinal le 24 novembre 2007.
Benoît XVI, un frère en humanité, un théologien lumineux
Mgr Barthélémy Adoukonou, ancien secrétaire de l’ancien conseil pontifical pour la Culture, a connu Joseph Ratzinger tout d’abord comme professeur.
Jeune étudiant à Rome au moment où se déroulait le Concile Vatican II, Mgr Adoukonou avait à l’époque lu le livre du théologien Joseph Ratzinger «Frères dans le Christ». Il resta impressionné au point de désirer aller poursuivre ses études au sein de l’université où enseignait le professeur bavarois. Il y a été élève du futur pape Benoît XVI et se dit «son élève jusqu’aujourd’hui». Le prélat béninois invite à la lecture de ce livre qui pour lui constitue un grand trésor, car il révèle Benoît XVI comme «un frère en humanité, débordant de charité active et vive, un homme en même temps lumineux, défenseur de la vérité. Il a été un théologien extraordinairement fécond pour ce qui est de la découverte de Dieu comme amour et comment nous pouvons être fils de ce Dieu si nous vivons la fraternité». Cette charité, le défunt pape l’a vécu lui-même de manière sublime, témoigne Mgr Adoukonou, qui confie l’avoir expérimenté tout au long des 60 ans qu’il a vécu en rapport avec lui. Pour lui, son professeur était doué d’une lumière spéciale qui a éclairé théologiquement ses frères, «même s’il a été incompris».
Bénoît XVI, le pape qui a invité l’Afrique à «se lever», pour être «au service de la réconciliation, de la justice et de la paix»
«Avant de connaitre Benoît XVI, j’ai d’abord connu Joseph Ratzinger, le préfet de la congrégation pour la Doctrine de la Foi, président de la commission biblique pontificale», témoigne Mgr Benoît Alowonou, évêque de Kpalimé, au Togo. Le fait remonte à 2004, une année avant l’élection du successeur de Jean Paul II. Mgr Alowonou faisait partie d’un groupe d’une cinquantaine d’évêques nouvellement nommés, rassemblés à Rome pour le cours formation des nouveaux évêques. Le cardinal préfet Ratzinger était l’un des prélats choisis pour parler sur le thème: «l’évêque et son ministère». «Tous nous admirions la grande simplicité du grand intellectuel, le philosophe, le théologien et l’exégète», se rappelle Mgr Alowonou. «L’Eglise d’Afrique reconnait en lui le Pape qui a invité l’Afrique à se lever, car l’Afrique a en elle une forte potentialité à se lever pour se mettre courageusement au service de la réconciliation, de la justice et de la paix», a déclaré l’archevêque d’Atakpamé, en évoquant l’exhortation post-synodale Africae Munus.
Un pape attentionné aux situations pastorales du continent africain
Pour Mgr Jean Mbarga, archevêque de Yaoundé, au Cameroun, le pape émérite qui vient de nous quitter restera pour longtemps encore pour toute l’histoire de l’Eglise d’Afrique une personne de référence. «Nous lui devons le second synode de l’Eglise d’Afrique… je me souviens de sa clarté, de sa disponibilité et surtout de son amour pour le continent africain», reconnait Mgr Mbarga, qui a participé à ce synode tenu à Rome en octobre 2009. L’archevêque de Yaoundé a évoqué le voyage de Benoît XVI en 2009 au Cameroun, premier pays africain visité par le défunt pontife; une visite liée à Africae Munus, une vraie charte de l’évangélisation, un héritage qui ne sera jamais oublié, souligne le prélat camerounais. Pour lui, la vision du continent africain de Benoît XVI permet au pasteur d’avoir une «feuille de route». Il a aussi évoqué son attention pour les situations pastorales diocésaines, nationales et continentales: il invitait notamment les théologiens africains à écrire davantage pour mieux faire connaître les enjeux de l’évangélisation en Afrique, confie en outre Mgr Mbarga.
En présentant ses condoléances au nom de l’Eglise et de l’Archidiocèse de Kinshasa, le cardinal Fridolin Ambongo a évoqué une «figure… attachante, qui aura marqué de manière décisive la vie et l’histoire de l’Eglise contemporaine». L’archevêque de Kinshasa, en RD Congo, a souligné que Benoît XVI «a servi le Seigneur avec un dévouement exemplaire jusqu’au bout et… a tant aimé l’Eglise»; et mérite ainsi la couronne de justice et le repos éternel auprès du Seigneur.
Source : vaticannews