Le pape rallume la flamme de l’espérance
Le pape François dans sa papamobile, saluant les milliers de Congolais venus l'accueillir/Prisca Materanya/LCA
Pour son cinquième voyage apostolique en Afrique, le pape François s’est rendu en RD-Congo du 31 janvier au 3 février et au Soudan du Sud du 3 au 5 février.
Dans ces deux pays enlisés dans des conflits armés, le pape a adressé des paroles d’espérance à une population meurtrie.
C’est dans deux pays africains majoritairement chrétiens et embourbés dans des conflits armés que le pape s’est rendu du 31 janvier au 5 février.
D’abord du 31 janvier au 3 février, il est allé en RD-Congo, le plus grand pays catholique d’Afrique avec ses 40 millions de baptisés et sa très politique Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco).
Dans ce pays indépendant depuis 1960 mais qui n’a connu sa première alternance politique (entachée de soupçons de fraudes) qu’en 2019, François a interpellé la communauté internationale sur la situation de ce « poumon de planète » immensément riche en ressources naturelles et minières mais dont la population ploie sous le poids de la misère, de la corruption et des violences armées (Est).
François y a lancé un appel en faveur d’« élections libres, transparentes et crédibles » à moins d’un an du scrutin présidentiel. S’il a encouragé l’épiscopat congolais pour son engagement social auprès de la population, il lui a aussi rappelé que cet engagement n’est pas une « action politique ».
Au Soudan du Sud, pays enchevêtré dans des conflits politiques à coloration tribale, le pape François a tenu un discours très ferme aux acteurs politiques, (le président Salva Kiir, son rival Riek Machar et les quatre autres vice-présidents) leur rappelant leurs promesses d’instaurer la paix. « Chers amis, il est temps de passer de la parole aux actes » les a-t-il interpelés dès l’entame de « ce pèlerinage de la paix » effectué en compagnie de l’archevêque de Cantorbery, le docteur Justin Welby, et du modérateur général de l’Église d’Écosse, Iain Greenshields.
Espérance
Le pape s’est rendu, du 3 au 5 février, au chevet d’une population martyrisée à qui il a tenté d’apporter des paroles de consolation. Sa visite aura ravivé l’espérance : les dirigeants sud-soudanais ont promis de reprendre, pour la énième fois, les pourparlers de paix entrepris sous l’égide de la communauté catholique Sant’Egidio. En 2019, le pape s’était agenouillé devant les dirigeants de ce pays d’Afrique de l’est indépendant depuis 2012 pour les supplier de se réconcilier. Un geste fort mais qui n’a pas freiné les tueries.
En RD-Congo, la visite papale a suscité une union nationale pour la réussite de l’événement. Si l’élection présidentielle de décembre annonce déjà des crispations politiques tandis que les violences dans l’est se poursuivent sous fond de conflit politique avec le Rwanda voisin, la visite papale aura ravivé la flamme de l’espérance.
Pendant quelques jours, le monde s’est intéressé aux douleurs de deux pays trop souvent oubliés. Les populations en souffrance qui se sont déplacées par centaines de milliers pour accueillir le pape ont reçu comme viatique des paroles d’espérance.
Contre la criminalisation de l’homosexualité
Enfin, dans l’avion qui le ramenait de ce voyage en Afrique, le pape a abordé la question de la criminalisation de l’homosexualité, en répondant à une question d’un journaliste qui lui rappelait le rejet des personnes homosexuelles dans des pays d’Afrique comme la RD-Congo et le Soudan du Sud. « La criminalisation de l’homosexualité est une question qu’il ne faut pas admettre », a-t-il tranché. « Les personnes de tendance homosexuelle sont des enfants de Dieu ; Dieu les aime, Dieu les accompagne. Il est vrai que certains se trouvent dans cet état à cause de différentes situations non désirées ».
Lucie Sarr
Source: africa.la-croix