Projet 45 – Sauver les enfants

La paroisse St Etienne est l'une des 27 paroisses de l'Archidiocèse de Khartoum et la seule dont les Missionnaires d'Afrique ont la charge actuellement. Elle est située dans la périphérie Est de la ville dans un quartier qui s'appelle al-Hajj Yousif.

La paroisse comptait environ 10.000 fidèles avant l'indépendance du Sud-Soudan en juillet 2011, plus de 95% d'entre eux. étant des Sud-soudanais. A l'époque, la paroisse comptait sept succursales, une école secondaire, quatre écoles primaires et une école maternelle.

L'indépendance du Sud Soudan qui a suscité beaucoup d'espoir, de liberté et de meilleures conditions de vie a occasionné un retour massif de nos fidèles. Avant décembre 2013, le nombre des fidèles de la paroisse était réduit de moitié et la grande majorité du reste était regroupée dans des camps en vue d'un éventuel rapatriement.

Malheureusement, l'enthousiasme et l'espoir que l'indépendance de leur pays suscitait ne durera pas longtemps. Le coup d'État manqué du 15 décembre 2013, suivi d'une guerre ethnique très meurtrière a replongé une fois de plus la population du Sud-Soudan dans un cauchemar. Pour se sauver la vie, un grand nombre de sud-soudanais ont fui au Soudan à la recherche d'une protection. La plupart d'entre eux sont arrivés les mains vides et avec des enfants qui ont besoin d'une éducation. Du coup, nos Églises sont de nouveau pleines et notre paroisse compte de nouveau un peu plus de 10,000 fidèles.

Sauver les enfants

Si nous sommes contents d'avoir des célébrations bien animées à cause du nombre de nos fidèles, cela n'est pas sans défis. Au niveau pastoral, beaucoup d'agents pastoraux, de catéchistes et d'animateurs des différends groups qui avaient suivi une formation et qui sont partis au Sud ne font pas partie de ceux qui sont revenus. Tout le travail de former les catéchistes est à recommencer. Parmi les jeunes, il y a beaucoup de bonne volonté, cependant il leur faut un minimum de formation pour cela.

Parmi les revenus, nous rencontrons un certain nombre de personnes – surtout parmi les jeunes –qui ont subi des formes de traumatisme suite aux événements qu'ils ont vécus dans le Sud. Depuis décembre 2013, lors de l'éclat de violence à grande échelle entre ethnies d'appartenances politiques différentes, les relations intertribales ont beaucoup détériorées. Ces tensions sont même sensibles ici dans le nord entres les différentes ethnies. Peu à peu, il y aura tout le travail de la réconciliation à faire ici dans la paroisse entre les différentes communautés. En effet, c'est dans les états du Sud qui sont les plus proches de nos frontières, "Upper Nile" et "Unity", ou il y a eu le plus de violence et les pires atrocités. Beaucoup des 'nouveaux-arrivés' dans notre paroisse sont de ces régions.

Au niveau social, nous faisons face à trois grands défis :

 

Assistance en nourriture ou médicale: Mères de familles viennent chez nous chercher assistance soit pour nourrir leurs enfants soit pour assistance médicale. Pour ce dernier, il n'existe pas de service gratuit, tout se paie et si l'on n'a pas les moyens c'est la souffrance. Nous recevons en moyenne 15 personnes par jour.

Actuellement, nous sommes en train de transformer une des vielles succursales de la paroisse en centre médical ou il y aura un cabinet de médecin, laboratoire et pharmacie, ceci au milieu d'un quartier jusqu'alors privé des services de soins médicaux de base. Nous entreprenons ce projet en collaboration avec un médecin local, le Docteur Wani, qui gère une clinique non loin de notre maison intitulée "Fr. Walter's Clinic". C'est le feu confrère, Walter Schnarwiler, qui a aidé ce médecin à établir la clinique il y a une dizaine d’années.

Éducation : Un besoin toujours présent est celui de frais scolaires. Ici, l'école publique n'est pas laïque. Les élèves non musulmans connaissent une certaine discrimination dans ces écoles. Nos paroissiens préfèrent donc envoyer leurs enfants dans des écoles serai-privées. Les frais de scolarité d'un élèves de primaire ici dans une école serai-privée est en moyenne 900 Pound Soudanais par an (ce qui équivaut environs 95 euro). Nous avons pu aider beaucoup d'enfants à aller à l'école et poursuivre leurs études, c'est le seul moyen pour eux d'espérer un futur. Ceux qui n'arrivent pas à payer sont purement et simplement renvoyés chez eux. Au cours de l'année scolaire et surtout à la reprise de l'école après les vacances, il y a toujours une grande affluence de parents dans notre cour.

Pour soulager un peu les parents, nous avons ouvert l'année passée deux écoles primaires (une pour garçons et l'autre pour filles) et une maternelle, avec des frais beaucoup plus modestes : 500 Pound soudanais pour le primaire et 400 pour la maternelle. Les deux écoles primaires comptent cette année 697 élèves et la maternelle 78. La majorité des élèves qui sont dans nos écoles viennent des familles démunis et sont incapables de payer les frais de scolarité. Cependant, nous devons faire face aux salaires de 29 enseignants, trois gardiens, les réparations, les frais d'administration et les dépenses ordinaires des écoles (photocopie, formation continue des enseignants....). Le salaire moyen de nos enseignants est de 800 Pound Soudanais par mois.