Guinea


EN GUINÉE, LE GRAND SÉMINAIRE BENOÎT XVI ET SA SPÉCIFICITÉ

Abbé François Sylla, recteur du Grand Séminaire Benoît XVI de la Guinée
Abbé François Sylla, recteur du Grand Séminaire Benoît XVI de la Guinée 

Former les prêtres et futurs pasteurs imprégnés de la théologie et de la spiritualité du Pape Benoît XVI, est l’une des particularités du cursus de formation du Grand Séminaire Interdiocésain Benoît XVI de Kendoumayah en Guinée. Dans une interview accordée à Vatican News lors de son récent passage à Rome, l’abbé François Sylla, recteur de cette institution, a présenté cette structure de formation ainsi que son programme académique.

Stanislas Kambashi,SJ – Cité du Vatican

Situé à Kendoumayah, dans l’archidiocèse de Conakry, le Grand Séminaire Benoît XVI a été érigé en 2008, sous le pontificat du défunt Pape émérite, raison pour laquelle il porte ce nom. Pour l’année académique 2022-2023, il accueille 98 grands-séminaristes, encadrés par 9 formateurs résidents, auxquels s’ajoutent quelques professeurs non-résidents. L’institution accueille aussi des religieux qui cheminent vers le sacerdoce.

Le programme de formation

Pour l’abbé Sylla, le programme de formation de cette structure obéit au cursus conforme à la Ratio fundamentalis institutionis sacerdotalis. Ce document sur la formation des futurs prêtres et pasteurs dans l’Église universelle parle de quatre dimensions: humaine, spirituelle, intellectuelle et pastorale. «L’accent est mis sur la dimension humaine, car c’est l’homme pétrit dans sa culture, dans un milieu donné, qui rencontre Jésus-Christ et qui doit répondre à son appel». À cela s’ajoute le discernement vocationnel, chaque candidat étant invité à discerner sa vocation «au jour le jour» à la suite du Maître, a souligné le recteur du Grand Séminaire Benoît XVI.

L’inculturation et le dialogue interreligieux, deux autres particularités

L’inculturation et le dialogue interreligieux sont deux autres particularités du cursus académique de ce Grand Séminaire interdiocésain, la Guinée étant un pays à majorité musulmane. Les séminaristes bénéficient d’un cours de dialogue interreligieux, particulièrement de dialogue islamo-chrétien. Ils sont ainsi préparés à affronter le défi de l’interculturalité et à témoigner des valeurs chrétiennes dans la rencontre avec les croyants d’autres religions; pour entrer en dialogue et travailler ensemble «pour l’avènement d’une Guinée prospère, unie et réconciliée, où l’Évangile prend corps chez tout le monde», déclare le prêtre guinéen.

Le dialogue interreligieux est dans ce contexte à la fois un défi et une opportunité, a-t-il reconnu. Dans certains domaines comme celui de la charité, les leaders religieux travaillent ensemble au profit de leur société. Les fidèles des différentes religions sont aussi invités à conjuguer leurs efforts pour conjurer la poussée des courants extrémiste, comme celui islamiste. Dans ce contexte pluriel, les chrétiens sont appelés à témoigner du Christ et à apporter sa lumière.

Action de grâce pour le don des vocations

Pour l’abbé Sylla, dans un milieu où les chrétiens ne représentent que 15% de la population, on peut dire qu’il y a assez de vocations à la vie sacerdotale et religieuse. Le recteur du Grand Séminaire interdiocésain Benoît XVI de Kendoumayah se souvient du moment où il était lui-même grand-séminariste: ils n’étaient alors qu’une vingtaine, originaires de Guinée. Actuellement, on en compte une centaine. Le prêtre guinéen voit en «cette abondance» une bénédiction et une réponse à ce que leurs aînés dans le sacerdoce ont fait comme activités pastorales et spirituelle: «on a beaucoup prié pour les vocations» témoigne-t-il. En 1965, lorsque le gouvernement guinéen expulsa tous les missionnaires, il ne resta plus que 9 prêtres diocésains pour porter l’Évangile dans tout le pays. Les laïcs se sont associés dans la prière «et aujourd’hui nous rendons grâce pour ce don de vocations», déclare-t-il .

Un nom, une mission et une spécificité

Porter le nom de Benoît XVI est une mission qui incombe à ce Grand Séminaire, souligne l’abbé Sylla. À l’origine, explique-t-il en évoquant Mgr Barthélémy Adoukonou, «toute la CERAO – Conférences épiscopales de l’Afrique de l’Ouest – s’était donnée la main pour qu’il y ait un séminaire dans la sous-région où la pensée de Benoît XVI devait être enseignée, explicitée, témoignée et vécue». Partant de la Ratio fundamentalis institutionis sacerdotalis, le Grand Séminaire de Kendoumayah «organise des séminaires, sessions et colloques sur la figure, la pensée et la méthodologie scientifique du Pape Benoît XVI». Au programme, il y a un colloque sur le thème: «la spiritualité du prêtre diocésain selon le Pape Benoît XVI». Prévu pour cette année, le congrès a été renvoyé à l’année prochaine, faute de moyens. Tout ceci contribue à manifester la spécificité qui découle du nom que porte cette structure de formation, conclut l’abbé Sylla.

Source :  vaticannews

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