South Sudan

 

UNE NATION EN SOUFFRANCE ATTEND LE PAPE FRANÇOIS

Les Sud-soudanais lors de l'arrivée du Pape François à Juba, le vendredi 3 février.
Les Sud-soudanais lors de l'arrivée du Pape François à Juba, le vendredi 3 février. 

Le promoteur de la mission "Solidarité avec le Soudan du Sud", le père David Gentry, peint la fresque d'une nation qui a grand besoin de réconfort, de proximité et d'espoir, alors que le Pape François entame son voyage apostolique dans cette nation d'Afrique de l'Est.

 Linda Bordoni – Cité du Vatican

La mission "Solidarité avec le Soudan du Sud" a fourni des services de base à des millions de Sud-soudanais appauvris, avant même que la nation ne devienne indépendante en 2011. C'est un projet et un effort de collaboration qui réunit des hommes et des femmes religieux, suite à une demande de la Conférence épiscopale soudanaise en 2008 qui a vu le besoin de programmes de soutien et de formation pour le développement. 

Ainsi, l'Union Internationale des Supérieurs Généraux (UISG) et l'Union des Supérieures Générales (USG) se sont depuis engagés à former des enseignants du primaire, des infirmières et des sages-femmes, des agriculteurs et des agents pastoraux, à apporter la proximité et la solidarité de l'Église à des millions de personnes qui luttent pour travailler, pour apprendre, pour cultiver leurs terres, pour vivre en paix.

Comme l'a dit le promoteur de la mission "Solidarité avec le Soudan du Sud" à Vatican News, le peuple qui souffre depuis longtemps a un besoin urgent de la présence réconfortante et de la proximité du Pape. Le père David Gentry a également brossé un tableau de la vie quotidienne de la majorité des habitants du Soudan du Sud et a réitéré leur enthousiasme à accueillir le Pape François. Le religieux a déclaré qu'il s'était rendu pour la première fois au Soudan du Sud à l'automne 2021 et qu'il avait pu se rendre sur tous les sites de "Solidarité avec le Soudan du Sud" et rencontrer les religieux et les prêtres travaillant sur le projet.

Une nation divisée

Le père Gentry a expliqué que l'un des plus grands défis de la jeune nation est le fait que la population appartienne à «64 tribus différentes, qui parlent toutes leurs langues tribales, ont leurs propres horizons culturels, sociaux et linguistiques». Cela signifie que pour beaucoup «leur monde est leur tribu, et qu'il est très difficile d'aider les gens à transcender cela, il est donc très difficile de construire une nation sans éducation et sans langue commune», a-t-il ajouté. 

En fait, a-t-il poursuivi, les langues officielles du Soudan du Sud sont l'anglais et l'arabe, mais un grand nombre de personnes ne parlent ni l'une ni l'autre. Alors, a-t-il commenté, «comment commencer à construire une nation où les gens ont ce sentiment de: "j'appartenir à ma tribu", c'est très bien!, mais toutes nos tribus font partie de quelque chose de plus grand, où elles essaient de créer un meilleur avenir pour nous tous?». Les conflits politiques ont été l'un des principaux problèmes du Soudan du Sud, a souligné le père religieux. 

Les rues de Juba lors de l'arrivée du Pape François
Les rues de Juba lors de l'arrivée du Pape François

Le promoteur de la mission "Solidarité avec le Soudan du Sud" estime que ce pays a besoin, tout comme beaucoup de pays d'Afrique, des dirigeants visionnaires et prophétiques qui fassent passer les intérêts de la nation avant leurs propres intérêts. En 2018, un nouvel accord de paix visant à permettre l'unification des forces armées, la création d'une nouvelle constitution et le temps de préparer les élections pour éviter un retour à la guerre a été signé.

Cependant, ce processus se heurte à de nombreux obstacles et la population continue de souffrir loin des projecteurs internationaux. Le père Gentry reste convaincu que la présence du Pape dans cette nation suscitera beaucoup d'attention internationale, déclarant que l’un des effets positifs de la visite, «est qu'elle ramènera les projecteurs sur ce pays», mais surtout, a-t-il ajouté: «ce que je vois sortir de la visite est une grande source de réconfort et d'encouragement pour le peuple lui-même qui souffre dans une si grande mesure».

Réitérant son point de vue selon lequel «ce qui doit vraiment se produire, c'est une conversion radicale», il a déclaré qu’il «doit y avoir un moyen d'amener toutes ces tribus dans la conversation sur l'avenir du pays, et de les aider toutes à sentir qu'elles ont un intérêt, et que leurs voix et leurs propres héritages culturels sont respectés, qu'elles construisent toutes quelque chose ensemble». Outre les graves problèmes politiques et leurs impacts dévastateurs sur la population, le pays est également confronté aux effets du changement climatique, au manque de nourriture adéquate et suffisante, à l'absence quasi totale d'infrastructures.

"Solidarité avec le Soudan du Sud"

Les groupes confessionnels, y compris l'Église catholique, sont les principaux fournisseurs de services dans le pays. C'est ce que fait "Solidarité avec le Soudan du Sud" suite à la demande de la Conférence épiscopale soudanaise à l'UISG et à l'USG en 2008, qui a envoyé une mission d'enquête dans le pays et a relevé le défi d'aider le sud chrétien négligé et appauvri, connu sous le nom de Soudan du Sud, avant son indépendance de Khartoum en 2011. «Après ce voyage d'information, le groupe est revenu ici à Rome et le 29 mai, il a rencontré le grand groupe de dirigeants de ces deux Unions (hommes et femmes) et a pris la décision de faire quelque chose pour remédier à la situation», a-t-il expliqué. Ainsi, les nombreuses congrégations religieuses qui composent l'Union «ont commencé à faire des contributions», puis ont établi un plan pour créer des institutions et des projets.

Les rues du Juba lors de l'arrivée du Pape François.
Les rues du Juba lors de l'arrivée du Pape François.

Collège de formation des enseignants

Un collège de formation des enseignants a été la première institution à être mise en place dans la ville de Malakal. Il a été détruit pendant la guerre civile, a déclaré le père Gentry, mais "Solidarité avec le Soudan du Sud" n'a pas abandonné et depuis lors, ils en ont créé un autre à Yambio qui fonctionne toujours. «C'est un endroit merveilleux», a-t-il dit.

Formation en soins de santé

Dans une ville appelée Wau, a-t-il poursuivi, «nous avons l'Institut catholique de formation aux soins de santé qui forme de jeunes Sud-soudanais, hommes et femmes, au métier d'infirmier et de sage-femme». Dans cette même ville, les sœurs Comboniennes gèrent un hôpital, qui est l'hôpital universitaire, et les étudiants y acquièrent une expérience pratique.

Agriculture durable

Dans cette ville appelée Riimenze, la mission a mis en place un projet agricole qui vise à enseigner aux gens des méthodes d'agriculture durable. «Parce que les gens ont été en guerre et ont été traumatisés pendant si longtemps», a-t-il expliqué, «même les choses les plus élémentaires que l'on s'attendrait à ce qu'un peuple rural sache faire, ont été perdues ou n'ont pas été transmises en raison de l'état de conflit et d'anxiété: les modes de vie normaux n'ont pas été maintenus».

Initiatives pastorales

À Kit, près de Juba, le "Good Shepherd Peace Centre" forme des catéchistes, assure la formation continue des diacres, propose des ateliers de guérison des traumatismes et offre des retraites et des conférences pour les religieux. Une extension de ce projet pastoral est le service que "Solidarité avec le Soudan du Sud" offre aux personnes déplacées dans le camp de Malakal.

Réfléchissant à la façon dont l'Église - dans de nombreux cas - fournit l'infrastructure à la place d'un état fortement déficient, le Père Gentry a déclaré que la mission gère ses projets, utilise et exécute ses budgets grâce aux fonds reçus des congrégations religieuses, des fondations, etc. «Nous sommes tenus d'en rendre compte et nous fournissons une très bonne comptabilité financière, et nous sommes de très bons gestionnaires de ces fonds, très attentifs à la façon dont ils sont dépensés», a-t-il souligné.

Manque d'avenir

Mais, a-t-il ajouté, «même formés, il n'y a pas de lendemain pour les jeunes qui peuvent trouver un emploi, ce qui les pousse inévitablement à fuir le pays en quête d'endroits plus stables, où ils peuvent se construire un avenir». Le manque d'infrastructures, a-t-il noté, signifie également qu'il n'y a pas de routes et que la criminalité est omniprésente. «Dans un pays riche en ressources naturelles, une grande partie de celles-ci est extraite et prise par des nations plus riches. L'argent sort du pays», a-t-il dit. Le religieux a également relevé la faiblesse la monnaie locale, soulignant qu’à l'exception des fruits, des légumes et d'un peu de «viande, de bœuf ou de poulet», tout le reste - tous les produits manufacturés comme le café, le sucre et la farine - est importé d'Ouganda, du Kenya, de Tanzanie, d'Arabie saoudite et de Chine.

Le père Gentry a, pour conclure, invité à continuer à prier pour le peuple du Soudan du Sud, notant que «l'un des plus grands défis de la vie spirituelle est d'apprendre à voir Dieu dans des personnes différentes de nous»..

Source :  vaticannews

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